Furieux

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Furieux sur les pas de Dyonisos

Dionysos, à peine mis au monde, est égorgé, démembré et mangé. Né deux fois, mi-dieu, mi-homme, il cherchera une communauté où être reconnu. Sans demeure, éternel étranger, il cherche une terre. Sans retenue, sans compromis, iel est partout indésirable, toujours rejeté.e. Dieu de l’errance, iel n’est nulle part, pourtant quand iel arrive, iel se répand.

Inspirés de la figure de Dionysos, nourris de mythes, les 40 interprètes nous plongent dans notre propre histoire et questionnent ce qui construit et définit un être. Furieux est le présent et la nuit des temps, le désordre, l’iconoclaste. C’est l’irrévérencieux qui fait face à la morale et bouleverse les hiérarchies. C’est la pensée divergente, qui renverse le juste milieu par la mania, nous fait danser, nous emmène dans un état exalté et haletant.

Furieux explore comment faire communauté

Dyonisos est épidémique et épidermique. Les forces du regroupement et de l’exclusion, la puissance du nombre et l’envie d’appartenir à un groupe sont les moteurs de nos improvisations. Comment l’identité de l’individu se forge-t-elle entre ces deux pôles ? Comment évolue-t-elle au fil d’une vie ? Et finalement, qui est cet.te autre que l’on nous oppose ? Dans cette expérience humaine et artistique, nous explorons différents systèmes d’organisation du groupe, du vivre-ensemble, du faire communauté, à la recherche d’une identité individuelle et collective.

Furieux comme paysage sonore hybride

Cette épopée chorale est pétrie de souffles, de mots, de chants, de musique live et électro, de voix lyrique et d’éléments de décors amplifiés, plongeant ainsi le groupe dans un panorama sonore aux esthétiques musicales hybrides. La pièce est centrée sur la voix : gargarismes, cris, chants, souffles et paroles, comme un murmure incessant, un acouphène léger mais entêtant, comme le bruit de fond du magnétisme de Dionysos. Le parcours des interprètes au plateau est une réappropriation de la voix pour pouvoir, gargarisme après feulement, utiliser le mot, puis le chant comme possibilité d’expression. Pour le final de la performance, se déploie un orchestre de grille-pains, où prennent place les performeur.euse.s pour un ultime ballet machinal.

Furieux est un plateau de jeu

La scénographie de Furieux est pensée comme une grande partition déployée au sol, une carte géante, un plateau de jeu qui guide l’errance et provoque les rencontres. C’est un espace vacant, neutre, en puissance. Une table pleine d’accessoires laisse entrevoir des façons de l’habiter, de le faire résonner. Actions, décor et univers sonore y sont élaborés, développés et transformés par le groupe en direct. La mania, cet état magnétique dans lequel Dionysos nous plonge pour unir les corps et les emmener dans un flux d’énergie partagée, pousse l’individu à ouvrir un espace. Un espace commun en puissance, à habiter temporairement. Un milieu, dans lequel s’ancrer et à partir duquel écrire un chemin. Un espace d’expression, où exister et construire un récit intime et universel.